Here’s the text in French (si jamais):
Bon, mes petites saloperies. Rassemblez-vous. Pas de téléphones. Pas de sourires polis.
Je vous ai réunies ici parce qu'il est temps que vous connaissiez la vérité sur votre lignée.
Sept filles. J'ai eu sept filles. Et vos mères et vos grands-mères n'ont vu de moi que la version qui jouait le jeu. La gentille fille. L’épouse docile. L'animal de service. Mais j'avais une autre vie, en secret. Et aujourd'hui, mes petites lionnes en liberté, je vais tout vous raconter.
Votre grand-père était un coureur de jupon. Un enfoiré, voilà. Un vrai connard, label rouge, bien juteux. Il me bousculait parfois, mais ce n'était même pas ça le pire.
C'était la façon dont il se rendait immense et me rétrécissait. La façon dont il voyait toutes les femmes sauf la sienne. Ce mec considérait l'infidélité comme un défi, l'adrénaline de l'adultère ! Et les femmes du quartier ? Elles le laissaient faire. Peut-être parce qu'elles avaient aussi faim d'être vues que moi.
Et puis, il y a eu l'actrice. Il disparaissait plus souvent, et il ne prenait même plus la peine de cacher ses traces. Elle, c’était du sérieux. Une diva de théâtre, voix rauque, toujours en train de citer Prévert d’un air tragique et de porter des écharpes en plein été.
Et moi, je me suis dit : Si c'est ça qu'il veut, pourquoi pas moi ?
Alors, j’ai traîné mon cul insolent jusqu’au Théâtre Paraglisse, un repaire avant-gardiste où un homme déguisé en chaise faisait un monologue sur la solitude. Et que Dieu les bénisse, ils m'ont acceptée. Mon premier rôle était minuscule—une connerie poétique appelée La Feuille —mais ça m'a réveillée. Et une fois qu'on s'ouvre, mes chéries, on ne se referme jamais.
Je n'ai pas gagné d'argent. Bien sûr que non. Le théâtre paie en applaudissements et en vin gratuit aux soirées de première. Mais j'ai gagné une vie. Et c'est ce que je veux que vous compreniez : vous n'êtes pas obligées d'être une seule chose. Vous n'avez pas à choisir une voie et y rester. Vous pouvez être plusieurs. Une foule. Une émeute.
Et ensuite, oh, ensuite, j'ai découvert le sexe.
Le sexe avec votre grand-père ? Une horreur. Collant. Douloureux. Cinq minutes de grognements, de tripotages et mon visage écrasé dans l'oreiller. Si vous n'avez jamais eu le plaisir d'être retournée comme une crêpe et écrasée contre le matelas pendant qu'un homme fait des bruits de bête malade, félicitations, vous avez déjà dépassé mes trois premières décennies.
Mon premier amant ? Monsieur Barrow. Grand, massif, doux. Pour la première fois, j’étais délicate. Précieuse. Je me suis fondue entre ses mains comme du beurre sur une tartine chaude.
Mais mon deuxième amant ? Le jeune étudiant? Là, mes chéries, j'ai eu une éducation. Ce mec descendait sur moi comme s'il passait un examen de fin d'année. Il voulait bien faire, et par tous les dieux, il a réussi. C'est la première fois que j'ai eu un orgasme. Imaginez ça—trente et quelques années, sept gosses, et je n'avais jamais su ce dont mon propre corps était capable. Et une fois que tu sais ça ? Oh, mes chéries, tu ne l'oublies plus jamais.
Et puis, oh, mes petites rebelles, est arrivée mon grand amour. Une femme. Une autre actrice. On s'est rencontrées sur scène, et elle me regardait comme si j'étais plus qu'une personne— comme si j'étais un foutu événement. Elle m'a embrassée à une soirée, et moi, pauvre naïve, je ne l'ai pas vu venir. On était déchaînées ensemble. On buvait du whisky, on dansait jusqu'au lever du soleil, on squattait les clubs de mecs en drag.
Et pour la première fois, j’ai goûté une vraie liberté. Cachée, certes. Invisible, oui. Mais libre. Personne ne le savait. Pas même mes filles. Une vie secrète !
Je n'ai pas quitté papi. Je me suis raconté des histoires. Les enfants, l'argent, la maison. Alors j'ai continué à jouer la comédie. Et j'ai laissé mon amour s'en aller.
Puis, un beau matin, votre grand-père est mort.
Oh, ne faites pas ces têtes. Je ne l'ai pas tué. J'aurais pu—il y a eu des occasions—mais je ne l'ai pas fait. Et à son enterrement, pendant que sa maîtresse pleurait, que les veuves du quartier reniflaient, que mes propres filles restaient figées, droites comme des statues, une pensée m’a frappée.
Pourquoi mes amours secrètes ne pouvaient-elles pas être là, elles aussi ?
Et soudainement, une colère sourde, brûlante est montée. Une colère contre lui, contre moi, contre toutes ces années volées. Et puis, dans cette colère, la réalisation.
J’étais libre. Réellement. Totalement. Libre.
Et maintenant ? Maintenant, je n'ai aucun regret. Enfin, un seul. Celui de ne pas avoir montré à vos mères comment vivre. Mais pour vous, il n'est pas trop tard.
Le monde ne vous donne que l'espace que vous prenez. Alors prenez tout.